Cupideflation : des prix exorbitants au nom de l’inflation ?

En période d’inflation, le niveau général des prix augmente. Mais certaines entreprises céderaient-elles aux sirènes de la cupidité ? Comparis fait le point.

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Roman Heiz

31.08.2023

Une femme avec un chariot de courses au supermarché.

iStock / cyano66

1.Qu’est-ce que la cupideflation (« greedflation » en anglais) ?
2.Exemple d’un possible cas de cupideflation : l’alimentation
3.La transparence en réponse à la cupideflation
4.Évolution des prix en Suisse

1. Qu’est-ce que la cupideflation (« greedflation » en anglais) ?

Le mot cupideflation est un mot-valise constitué des termes cupidité et inflation. Il exprime une tentative d’explication lorsque la hausse des prix ne se justifie pas, ou difficilement seulement, par le taux général d’inflation.

Le terme peut apparaître lorsque certaines entreprises ou industries appliquent des augmentations de prix injustifiées. Dès lors, la cupideflation exprime le fait, pour les entreprises, d’exploiter le sentiment du marché concernant l’inflation pour réaliser des profits excessifs.

D’où vient le terme « cupideflation » ?

La date exacte de création du terme n’est pas connue. Ces dernières années, il s’est répandu dans les médias et les rapports, notamment aux États-Unis où l’on utilise le terme anglais de « greedflation ». Le Parti démocrate, en particulier, a récemment insisté pour attirer l’attention sur la possibilité de ce phénomène.

En français, le terme « cupideflation » est moins utilisé que son équivalent anglais. Quoi qu’il en soit, la thèse de la cupideflation est de plus en plus examinée par la communauté scientifique.

Quelle différence entre inflation et cupideflation ?

La différence tient à la cause de la hausse des prix :

Inflation Hausse persistante du niveau général des prix sur la base d’un indice des prix (en Suisse, l’indice national des prix à la consommation IPC ou l’indice des prix à la production IPP) avec diminution simultanée du pouvoir d’achat.
Cupideflation Augmentation des prix de certains biens et services par les entreprises au-delà du niveau général du renchérissement pour augmenter les bénéfices sous le couvert de l’inflation.

Comment s’installe une phase d’inflation ?

Au début d’une période d’inflation, les prix augmentent temporairement – par exemple en raison d’un choc ponctuel de la demande, des coûts ou de l’offre. Ce renchérissement peut devenir le précurseur de l’inflation.

Cependant, il n’y a inflation que si la hausse des prix dans une région n’est pas compensée par une baisse des prix dans une autre région, à une date ultérieure ou par des produits de substitution.

2. Exemple d’un possible cas de cupideflation : l’alimentation

Divers facteurs interviennent dans la fixation des prix des produits. Prouver que des augmentations de prix sont injustifiées n’est donc pas chose facile. Toutefois, les signes suivants peuvent être un indice de cupideflation. Si vous constatez de tels changements sur des produits, comparez attentivement.

Les entreprises commercialisent leur produit, p. ex. des biscuits, dans son emballage habituel, mais réduisent la quantité du contenu. Souvent, les consommatrices et consommateurs ne remarquent ce vide qu’après ouverture de l’emballage.

Notre conseil : faites attention aux mentions en petits caractères – en l’espèce, au poids indiqué sur l’emballage.

Réduction de la quantité, même prix ? Là encore, faites preuve de vigilance. Exemple : un paquet de minibarres chocolatées qui n’en contient plus que 14 au lieu de 16. Dans ce cas, l’inflation atteint presque 13 %.

Certains fabricants s’en prennent à la qualité. Ils évitent ainsi de pratiquer des augmentations de prix visibles. Les fabricants de meubles, par exemple, amincissent leurs panneaux. Côté alimentation, les ingrédients coûteux sont remplacés par des ingrédients moins chers. Lisez attentivement la description du produit. En effet, le diable se cache dans les détails.

Ce genre de vérification est plus difficile dans la gastronomie. Les restaurants, par exemple, peuvent se montrer plus généreux en accompagnement au détriment de la portion de viande pour augmenter leur marge. Si vous remarquez des changements dans les quantités de votre menu préféré, parlez-en ouvertement au personnel de service.

Des légumes dont le prix est indiqué parfois pour 100 grammes, parfois au kilo ? De telles incohérences ne sont pas rares chez les détaillants suisses. Les produits cosmétiques sont aussi concernés : leur prix est aussi bien indiqué au litre que pour 100 millilitres. En conséquence, il est plus difficile de comparer les prix.

Notre conseil : munissez-vous d’une loupe pour faire vos courses ou, mieux encore, d’une calculatrice.

Bon à savoir : d’un magasin à l’autre d’une même chaîne, les prix peuvent varier. Ainsi, chez Migros, les différentes coopératives fixent elles-mêmes leurs prix. Même chose chez Coop, où les tarifs peuvent différer entre les établissements.

3. La transparence en réponse à la cupideflation

Les entreprises ont besoin de dégager une marge bénéficiaire. En Suisse, la tarification des produits et des services incombe donc en principe à l’entreprise.

L’expérience montre qu’une forte concurrence débouche sur des prix justes. La pression concurrentielle oblige les entreprises à proposer des prix compétitifs. En effet, Grâce aux alternatives existantes, ils doivent justifier des prix plus élevés devant les consommatrices et les consommateurs.

La transparence est la condition préalable au bon fonctionnement de la concurrence. Comparis estime que les entreprises devraient être tenues de rendre publique l’évolution des prix de leurs produits et services.

Cette communication est d’autant plus urgente non seulement parce que les prix évoluent rapidement en raison de l’inflation, mais aussi et surtout parce que les possibilités d’analyse de données numériques entraînent une dynamisation croissante des prix dans tous les domaines.


« Les entreprises qui publient leurs prix renforcent la fidélité de leur clientèle et améliorent leur image. Quant aux consommatrices et consommateurs, ils bénéficient ainsi de bases décisionnelles claires pour prendre conscience de la responsabilité qui est la leur quand ils font leurs courses, lutter eux-mêmes contre les prix abusifs et préserver leur pouvoir d’achat. »

Dirk Renkert, expert Argent Comparis

4. Évolution des prix en Suisse

Ces derniers mois et ces dernières années, les prix ont fortement augmenté dans divers secteurs.

Comparis, en collaboration avec le Centre de recherches conjoncturelles KOF de l’EPFZ, mesure l’inflation telle qu’elle est ressentie. Vous retrouverez les dernières conclusions et analyses dans l’indice des prix à la consommation.

Prévisions des primes et analyses : vue d’ensemble

Comparis publie régulièrement des analyses de marché dans les domaines de la finance, des assurances – notamment maladie – et des hypothèques :

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