Assurance automobile : le sexe détermine le prix

De quoi parle-t-on ?

Dans le domaine de l’assurance automobile, la Suisse accuse un certain retard sur le plan de l’égalité. Cela fait déjà une dizaine d’années que l’UE a introduit une tarification unisexe en matière d’assurance. À contrario, en Suisse, le sexe continue à avoir des répercussions sur les primes : les hommes paient leur assurance auto 1,3 % plus cher que les femmes en moyenne (1143 francs pour les hommes, contre 1128 francs pour les femmes). C’est ce que révèle une analyse de Comparis, le comparateur sur Internet. L’étude a porté sur les primes par sexe appliquées par 12 assureurs différents.

Ce qu’on retient avant tout

L’examen des primes par assureur révèle que c’est chez Postfinance (produit de protection individuelle) que les hommes paient la surprime la plus élevée, de l’ordre de 4 % en moyenne (1097 francs, contre 1053 francs pour les femmes). 44 francs par an environ à payer en plus, uniquement en raison du sexe. Le supplément débute à 3 % chez les autres assureurs que sont Elvia (+3,5 % sur l’assurance automobile), AXA (+3,3 % sur le produit Strada Basic Plus ; +3 % sur Strada Compact avec le DrivePartner) et Allianz Suisse (+3 % sur Custom). Suivent Zurich (+2,8 % sur son produit Optimum ; +2,7 % sur son produit Flex), Helvetia (+2 % sur son produit Premium) et l’assureur direct Smile (+1 % sur son produit Clever ; +1,2 % sur son produit Premium).

Dans l’analyse Comparis, deux des douze prestataires examinés appliquent des tarifs identiques quel que soit le sexe : chez Simpego et Wefox, cette information n’a généralement aucune influence sur le montant des primes. Le premier explique qu’il n’y a pas de différence significative entre les sexes sur le plan du coût des sinistres déclarés.

Ce qui nous a surpris

Pour les besoins de son analyse, Comparis a examiné les primes par assureur, mais également par groupe d’âge (conducteurs âgés de 23, 33, 43, 53 et 63 ans). Résultat : avec une différence moyenne de +3,3 %, les conducteurs de 23 ans paient la surprime la plus élevée par rapport aux conductrices du même âge. Cet écart diminue avec l’âge. Les hommes de 33 ans paient environ 1,2 % de plus et les hommes de 43 ans, environ 1 % de plus que les femmes du même âge. Ce n’est qu’à partir de 50 ans (53 et 63 ans) que l’écart est totalement gommé.

Ce qu’en dit l’experte

« À première vue, la différence de prime semble marginale, déclare Andrea Auer, experte Mobilité chez Comparis. Mais en plein débat sur l’égalité homme-femme, la pratique qui consiste à déterminer les primes en fonction du sexe de la personne assurée est complètement dépassée. »

« Les assureurs convoquent les statistiques pour justifier les surprimes qu’ils appliquent aux hommes », explique A. Auer. C’est sur cette base qu’est calculé le risque pour l’assurance. « Même s’il n’a jamais eu d’accident, tout conducteur est susceptible de se voir appliquer une surprime, car l’évaluation du risque n’est pas réalisée à l’aune de l’individu, mais de son groupe. »

« Outre les écarts liés au sexe, l’analyse montre aussi qu’aujourd’hui encore, les primes varient fortement d’un assureur à l’autre », ajoute A. Auer. « Comparer peut donc être payant et ce, quel que soit son sexe. »

L’experte nourrit l’espoir que l’avenir sera empreint d’une plus grande justice : « Il est tout à fait possible que dans un avenir proche, le sexe en tant que facteur de définition du tarif disparaisse aussi de Suisse. » Surtout à l’ère du numérique, où les assureurs ont des possibilités toujours plus nombreuses de calculer le risque, et donc, les primes indépendamment du sexe.