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Prévoyance : les épargnants renoncent sciemment à de meilleurs rendements

Selon une enquête de comparis.ch, la moitié des épargnants détenant un compte bancaire de pilier 3a en Suisse est mal informé sur son avoir de prévoyance. La plupart n’imagine guère changer de prestataire.

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Lara Surber

14.01.2019

Enquête Comparis : les détenteurs d'un compte de pilier 3a sont mal informés et n'aiment pas changer de prestataire.

iStock / fizkes

1.16 % des épargnants renoncent sciemment à de meilleurs rendements
2.81 % des détenteurs d’un compte 3a en ont au moins un auprès de leur banque
3.Près de deux tiers des Suisses en âge d’exercer une activité lucrative ont un pilier 3a

Une enquête Comparis menée en avril 2018 révèle que la moitié des épargnants détenant un compte bancaire de pilier 3a en Suisse ne connaît pas la rémunération de son avoir de prévoyance. De plus, un meilleur rendement ne suscite pas grand intérêt : 71 % des participants estiment qu’un meilleur taux ne serait pas une raison suffisante pour changer de banque. D’autres (16 %) renonceraient même à une plus grande épargne, quoi qu’il en soit. 

Près de deux tiers des actifs épargnent pour leurs vieux jours via le pilier 3a. Seulement, les connaissances en matière de prévoyance font souvent défaut : selon notre enquête représentative, environ la moitié des épargnants détenant un compte bancaire de pilier 3a donnent une estimation trop élevée des intérêts de leur compte voire n’en connaissent pas du tout la rémunération. Seulement 48 % des personnes interrogées ont indiqué avoir, à un moment, concrètement comparé les taux appliqués aux piliers 3a par plusieurs banques – 58 % d’hommes et 34 %, seulement, de femmes.

Pourtant, comparer les taux et éventuellement changer de banque serait profitable à la plupart des épargnants au pilier 3a. À long terme, même avec des écarts de taux minimes, les répercussions sont considérables : aujourd’hui, les taux d’intérêt proposés sur les piliers 3a par les banques cantonales, par exemple, se situent entre 0,2 % pour le plus bas (banque cantonale de Zoug) et 0,75 % pour le plus élevé (banque cantonale du Tessin).

Exemple :

Un salarié, qui pendant 35 ans cotise chaque année le montant maximum pour les personnes exerçant une activité salariée –  6768 francs (en 2019 : 6826 francs) – atteint à l’âge ordinaire de retraite AVS un avoir de 245 604 francs (en 2019 : 247 709 francs) auprès de la banque cantonale de Zoug avant déduction de l’impôt sur les prestations en capital. À la banque cantonale du Tessin, il obtiendrait 271 754 francs (en 2019 : 274 082). Soit une différence de pas moins de 26 150 francs (ou 26 373 francs).

16 % des épargnants renoncent sciemment à de meilleurs rendements

En principe, les épargnants du pilier 3a ont la volonté d’optimiser leur avoir de prévoyance privée. Mais la pratique ne suit pas vraiment : devant une offre de rendement plus intéressante pour les avoirs 3a, 84 % des détenteurs d’un compte en banque 3a indiquent tout au plus qu’ils réfléchiraient à un changement de prestataire. Mais seulement 13 % d’entre eux seraient effectivement prêts à le faire. Les autres épargnants font part des réticences suivantes : 34 % ne procéderaient uniquement au transfert vers un compte mieux rémunéré s’ils avaient confiance en la banque proposant le taux plus intéressant. 22 % déclarent qu’ils changeraient selon la différence de rendement entre les offres proposées. 15 % veilleraient tout d’abord aux éventuels frais de transfert. 

16 % des personnes interrogées renonceraient même sciemment à un meilleur rendement. Ils estiment qu’une plus grande épargne n’est pas une raison en soi de transférer son compte 3a vers une autre banque. Pour expliquer leur point de vue, ils avancent une relation satisfaisante avec leur banque (6 %) ou la préférence d’une solution avec un prestataire unique (5 %). En outre, les répondants craignent que le changement de prestataire soit trop compliqué ou ils ne souhaitent pas entraver la bonne relation avec leur banque, ayant une hypothèque en cours. Enfin, 4 % préféreraient au moins ouvrir un compte supplémentaire auprès d’une autre banque plutôt que de transférer leur compte existant.

81 % des détenteurs d’un compte 3a en ont au moins un auprès de leur banque

Les clients d’épargne prévoyance sont des clients fidèles : 81 % des détenteurs d’un compte bancaire de pilier 3a en ont au moins un auprès de leur banque. Seul 23 % ont déjà transféré leur compte de prévoyance 3a d’une banque vers une autre. Sur ce point, les hommes se montrent légèrement plus déterminés (26 %), par rapport aux femmes ayant franchi le pas (21 %).

Ce n'est qu’à partir de plusieurs comptes de pilier 3a et un revenu brut relativement élevé que l'attachement à une banque se relâche : les ménages d’un revenu supérieur à 8000 francs par mois et détenant plusieurs comptes 3a ne laissent leurs avoirs de prévoyance auprès d’une banque que dans 39 % des cas. Parmi les ménages, relativement peu nombreux, disposant d’un revenu brut inférieur à 4000 francs et plusieurs comptes 3a, 50 % laissent tous leurs comptes 3a auprès d’une même banque. 

Le groupe détenant plusieurs comptes en banque 3a relève de la minorité : seul 30 % des clients ayant un compte 3a à la banque en détiennent deux. Pour le reste, 9 % des sondés ont trois comptes et 2 % en possèdent même davantage. Pourtant, le fait de répartir l’épargne 3a est avantageux : détenir plusieurs comptes permet de contrer la progression de l’impôt sur les prestations en capital et donc, d’économiser des impôts. 

Près de deux tiers des Suisses en âge d’exercer une activité lucrative ont un pilier 3a

Les rentes issues de la caisse de pension et de l’AVS couvrent environ 60 à 70 % du revenu perçu avant la retraite. Compte tenu de la tendance à la baisse du taux de conversion pour les avoirs de caisse de pension, la part provenant des piliers 1 et 2 va se réduire. La prévoyance privée via le troisième pilier en devient d’autant plus importante. 

Parmi les personnes que comparis.ch a interrogées, 63 % épargnent auprès d’une banque ou d’une assurance via le pilier 3a. Tandis que 70 % des hommes actifs ont une solution 3a, les femmes ne sont que 56 % dans ce cas.

En outre, 35 % des épargnants 3a détiennent exclusivement une solution d’assurance. Ils sont 8,5 % à combiner des polices d'assurance et des comptes en banque pour leur prévoyance 3a. Cela dit, les solutions entièrement bancaires représentent la majorité, à plus de 55 %.

Fait étonnant, les différences régionales : tandis qu’en Suisse allemande, 65 % des personnes actives détiennent un compte ou une police 3a, la Romandie en compte 60 %. En Suisse italophone, seuls 47 % épargnent via la prévoyance liée. 

Cet article a été créé pour la première fois le 18.12.2018